MALADIES : FICHES TECHNIQUES
LA BVD

Quel est l’agent responsable ?

Virus de la famille des Flaviviridés, genre Pestivirus. Etroite parenté antigénique et génomique avec le virus de la maladie de Border des ovins (virus BD) et le virus de la peste porcine classique (virus PPC).
Ce virus est très contagieux mais il est peu résistant en milieu extérieur.

Comment se transmet la BVD ?

On dit le plus souvent que la contamination se fait de mufle à mufle via les muqueuses ou les féces. Le virus diffuse ensuite d’un animal à un autre par simple contact ou léchage et peut circuler dans les différents lots du cheptel pendant plusieurs mois.

La contamination peut se faire également de la mère au veau pendant la gestation.
Un partage de matériel comme une bétaillère peut aussi être une source de contamination.
Les animaux peuvent être infectés de façon transitoire ou permanente.

  • Dans le premier cas, l’animal parvient à éliminer le virus au bout de 15 jours à 3 semaines grâce à la fabrication d’anticorps qui resteront dans le sang plusieurs années. Le virus peut être transmis à d’autres animaux au cours de cette période. Ce virémique transitoire peut rester dans le troupeau après un recontrôle négatif (environ un mois après).
  • Dans le second cas, on dit que l’animal est I.P.I. (Infecté Permanent Immunotolérant). Il ne se débarrassera jamais du virus car il est incapable de produire des anticorps pour l’éliminer. Il pourra donc le transmettre tout au long de sa vie, d’autant plus qu’il en excrète en forte quantité ! C’est une BOMBE A VIRUS. Il faut donc éliminer l’animal au plus vite du troupeau (abattoir ou équarrissage).

Le virus est particulièrement dangereux pour les femelles gestantes : suivant le stade de gestation au moment de la contamination, il peut y avoir :

  • Mortalité embryonnaire : provoque ainsi des retours en châleur décalés.
  • Veaux I.P.I. Les I.P.I. proviennent de vaches qui se sont contaminées par le virus BVD au cours de leur gestation (entre 35 et 125 jours de gestation). Ces animaux sont viropositifs (positifs à la recherche de virus) et séronégatifs (négatifs à la recherche d’anticorps). Les I.P.I. peuvent être normaux et passer inaperçus ou présenter des signes cliniques variés : retard de croissance, affections néo-natales graves, présenter des problèmes d’infécondité, etc… Les animaux I.P.I. ont également une forte tendance à développer la maladie des muqueuses (hyperthermie, ulcères buccaux, diarrhée aiguë, amaigrissement très rapide et mortalité en quelques jours) et meurent généralement avant l’âge de 2 à 3 ans. C’est pourquoi il est peu fréquent de trouver des animaux I.P.I. adultes.
  • Avortements : Le virus BVD les provoque à un stade précoce généralement. Toutefois ils peuvent survenir à n’importe quel stade de la gestation.
  • Malformations du veau : par exemple, veaux naissant aveugles ou avec des petits yeux, veaux naissant avec des troubles de l’équilibre, veaux naissant avec un poil court, dur, rèche ou clairsemé, veaux naissant avec une mâchoire inférieure raccourcie…
  • Veaux sains séropositifs

La maladie n’étant pas transmissible à l’homme, la viande est donc consommable.

Quels sont les symptômes?

Il s’agit d’une maladie infectieuse virale bovine parmi les plus importantes et répandues, dont la maladie des muqueuses est la forme mortelle.
Ses conséquences sont limitées sur un bovin adulte non gestant (infectés transitoires qui ne sont plus contagieux au bout de quelques jours à quelques semaines), mais elle entraîne des complications pour les femelles gestantes (avortements, malformations, création d’un veau I.P.I.) et pour les jeunes animaux (pathologies néonatales, diarrhées, …).

Le virus BVD est un virus « immunodépresseur » qui favorise l’apparition d’autres pathologies. En effet, lorsque les défenses immunitaires d’un troupeau sont affaiblies du fait de la lutte contre ce virus, les animaux seront davantage sensibles à d’autres infections.

Donc, des problèmes de reproduction ou maladies néo-natales doivent nous alerter !

La BVD ou maladie des muqueuses peut parfois être très discrète ou peut s’accompagner de signes cliniques graves sur l’ensemble du troupeau. Une manifestation discrète peut retarder sa mise en évidence au sein d’un troupeau et la mise en place d’un plan d’assainissement.

Les symptômes les plus fréquents au sein des élevages touchés sont les suivants :

• Problèmes de reproduction (liés à de la mortalité embryonnaire ou des avortements à tous les stades de gestation).
• Pathologies néo-natales importantes (veaux) et résistantes aux traitements habituels (malformations congénitales, mortalité néo-natale, veaux chétifs ou peu vifs, retards de croissance, épidémie de diarrhées néonatales, aggravation des diarrhées et pathologies respiratoires).
• Baisse de production : chute de la production laitière ou retards de croissance.

Toutes ces conséquences peuvent entraîner des pertes économiques importantes

Comment établir le diagnostic ?

Il existe deux types d’analyses de laboratoire utilisés en élevage pour mettre en évidence le virus du BVD :

  • Virologie (antigénémie ou PCR) : c’est la recherche du virus BVD. Elle peut être réalisée sur un prélèvement de sang ou d’organe ou aussi sur un prélèvement de lait pour la PCR.
  • Sérologie : c’est la recherche des anticorps élaborés par le bovin suite à l’infection par le virus. Elle peut être réalisée sur un prélèvement de sang ou de lait. Réalisée sur de jeunes bovins dits « sentinelles » (6-12 ou 18 mois), la sérologie positive est le signe d’une circulation virale récente.

Comment maîtriser la maladie dans mon cheptel ?
Comment l’éviter?

Prévention :

Afin de se protéger d’une arrivée du BVD dans le troupeau, il faut :

1/ Maîtriser les introductions d’animaux : dépistage systématique

Il s’agit d’éviter l’entrée dans l’élevage d’un animal contagieux, c’est à dire IPI ou virémique transitoire (infecté temporaire) et ce, quel que soit son âge.
Il faut donc privilégier l’achat d’animaux garantis non IPI (garantie délivrable par le GDS ou mention présente sur carte verte), mais ils peuvent être virémiques transitoires ! Il faut donc se renseigner sur le statut du cheptel vendeur (vous pouvez demander le support personnalisé d’épidémiosurveillance). En fonction de ces éléments, vous pourrez ou non demander une analyse PCR BVD (même si l’animal est non IPI) pour éviter les infections transitoires.
Il est préférable de faire les analyses dans le cheptel vendeur avec un transport sécurisé ensuite. Sinon, il faudra isoler le bovin à son arrivée jusqu’au résultat d’analyse favorable.

Utilisation d’un billet de garantie conventionnelle : La BVD ne fait actuellement pas partie des vices rédhibitoires. Nous vous conseillons donc fortement de signer un billet de garantie conventionnelle entre vendeur et acheteur si des analyses doivent être faites chez l’acheteur.

Attention à l’achat de femelles gestantes : Les I.P.I sont extrêmement contagieux, et il n’y a aucun moyen de connaître le statut du foetus (la vache gestante séropositive peut héberger un IPI qu’il est impossible de dépister lors de l’achat). Leurs veaux doivent donc être systématiquement isolés et testés dès la naissance.

2/ Maîtriser les retours dans l’élevage d’un bovin qui se serait contaminé pendant un rassemblement d’animaux (concours, comices, estive, pension, prêt …)

Tout d’abord, ne participez à un rassemblement que s’il y a des exigences en termes de BVD ! (bovins non IPI…)
A l’arrivée, appliquez les mesures préconisées pour les introductions

3/ Maîtriser les contaminations éventuelles par voisinage (absence de contacts avec les troupeaux voisins)

Eviter si possible les contacts de mufle à mufle au-dessus des clôtures.

4/ Mettre en place des mesures de biosécurité sur l’exploitation.

Assainissement :

La mise en place du plan d’assainissement consiste à :

  • Dépister les veaux dès la naissance pendant au moins 1 an,
  • Contrôler et dépister les animaux à risque,
  • Eliminer les animaux IPI.

Pour en savoir plus sur l’éradication BVD, n’hésitez pas à consulter notre vidéo explicative :