MALADIES : FICHES TECHNIQUES
Dicrocoeliose ou Petite Douve

Quel est l’agent responsable ?

La Petite Douve du foie ou dicrocoeliose est causée par Dicrocoelium lanceolatum, parasite du foie et de la vésicule biliaire. Surtout connue comme parasite des ovins, il affecte également les bovins; les œufs sont très résistants aux conditions climatiques, ce qui signifie que les pâtures contaminées le sont toute l’année.
Contrairement à la grande douve qui se nourrit de cellules du foie, la petite douve se nourrit de bile.

Comment ça se transmet ?

Les ruminants s’infestent par ingestion de fourmis contenant les larves du parasite. Ces larves gagnent le foie par voie sanguine, se développent dans le foie, puis se fixent dans les voies biliaires où elles deviennent adultes. La petite douve pond alors des œufs qui sont éliminés avec les fèces (résistance des œufs possible pendant 5 ans). Un escargot (la petite douve peut infester plusieurs espèces) avale alors les œufs et excrète des boules agglomérées de mucus contenant des larves. 

La fourmi se nourrit de ce mucus et ingère les parasites. Il se produit alors un phénomène unique en parasitologie. Des larves du parasite vont se loger au niveau du ganglion nerveux sous-œsophagien, engendrant des contractions mandibulaires qui bloquent la fourmi en haut des brins d’herbe, favorisant leur ingestion par les bovins ou les ovins. Ce phénomène est accentué lorsque la température est inférieure à 13°C, donc essentiellement en fin de nuit.

Quels sont les symptômes ?

Les petites douves, lors d’une infestation importante, peuvent provoquer une inflammation du foie et une dilatation des canaux biliaires. On observe alors une perte de poids, de l’anémie, des œdèmes et des troubles digestifs. 

Le dysfonctionnement du foie lié à la présence de douve (petite ou grande) se manifeste aussi par des anomalies du métabolisme protéique, pouvant occasionner des troubles de la fertilité chez les vaches et des défenses amoindries chez les jeunes, faute de colostrum de qualité.

Comment établir le diagnostic ?

En l’absence de symptômes spécifiques, toute suspicion est à confirmer par des analyses. Le diagnostic repose sur la mise en évidence des œufs de Dicrocoelium lanceolatum dans les matières fécales.
Le taux d’excrétion le plus important a lieu en automne et en hiver avec un maximum en mars.

Comment maîtriser la maladie dans mon cheptel ?

La protection par une réaction immunitaire n’a à ce jour pas été démontrée, un traitement est donc indispensable en cas d’infestation. Ce traitement devra être effectué plusieurs années de suite afin de réduire au maximum l’excrétion parasitaire fécale et de rompre la contamination des escargots, hôtes intermédiaires de la petite douve. En cas d’infestation massive, il peut être intéressant d’effectuer deux traitements dans l’année.

Seul hic : on ne dispose que de très peu de produits actifs contre la petite douve, que ce soit sur les bovins ou les ovins. Il faut noter qu’il est nécessaire d’éviter de traiter dans le premier tiers de gestation (embryotoxicité) et que ces produits n’ont pas de rémanence. Le traitement des animaux qui sont laissés dans des parcelles contaminés ne les empêchent pas de se ré infester immédiatement…

Comment L’EVITER ?

L’infestation par Dicrocoelium lanceolatum se caractérise par l’originalité de son cycle évolutif, ce qui rend la prévention de cette maladie particulièrement difficile. L’élimination des hôtes intermédiaires n’étant pas réalisable, l’emploi de spécialités vétérinaires aux propriétés pouvant détruire ce parasite peut être une solution après la rentrée des animaux en stabulation. Toutefois, des hôtes intermédiaires parasités survivent durant l’hiver et causent la ré-infestation lors de la mise à l’herbe l’année suivante, voilà pourquoi il est difficile de se prévenir de cette infestation.

FASCIOLOSE OU GRANDE DOUVE

Quel est l’agent responsable ?

Parasite hématophage (qui se nourrit de sang) du foie, Fasciola hepatica infeste de nombreuses espèces animales y compris l’Homme. Son hôte principal est le mouton, chez qui les lésions hépatiques sont importantes et accompagnées de signes cliniques spécifiques. En revanche chez les bovins, qui sont moins réceptifs à ce parasite, la fasciolose a peu de conséquences cliniques mais a néanmoins un fort impact économique

Comment ça se transmet ?

Phase externe : à des températures supérieures à 15°C, et en milieu humide et aéré, l’œuf de F. hepatica va éclore et donner naissance à une larve. Cette larve va nager dans l’eau et pénétrer dans un escargot amphibie, la limnée. Cet escargot est l’hôte intermédiaire obligatoire par lequel le parasite doit passer pour s’y développer et se reproduire.

Ensuite, les larves vont sortir de l’escargot à la suite d’un stress environnemental (généralement : les pluies) environ 45 jours après leur entrée dans la limnée. Ces larves vont s’enkyster sur des plantes semi aquatiques comme le cresson ou sur l’herbe proche de l’eau, tandis que certains kystes resteront flottants à la surface de l’eau.

Phase interne : après ingestion des plantes, les kystes éclosent dans le tube digestif sous l’effet de l’augmentation de la température et du pH. Les jeunes douves traversent la paroi de l’intestin grêle et migrent dans le péritoine pour atteindre le foie en une quinzaine de jours. Elles y circuleront pendant 5 à 6 semaines en se nourrissant du tissu hépatique qu’elles digèrent, ce qui leur permet leur progression dans l’organe.

Ensuite, elles iront se loger dans les canaux biliaires où elles atteindront le stade adulte. Les parasites vont aspirer le sang à travers la paroi, et se reproduire sexuellement. La ponte débute 10 semaines après l’ingestion de plantes infestées. Les adultes peuvent vivre 6 mois en général chez les bovins (moins que chez le mouton).

Quels sont les symptômes ?

La migration du parasite dans le foie va provoquer la destruction des tissus et l’apparition de cicatrices (fibrose, cholangite) qui sont un motif de saisie à l’abattoir. A la perte économique directe liée à la saisie des foies douvés, il faut  rajouter les pertes indirectes causées par le parasite. Les animaux atteints vont présenter des troubles des fonctions hépatiques. Cela entraine des retards de croissance, des problèmes de reproduction et une baisse d’immunité. La douve peut conduire à la déstructuration totale du foie.

L’infestation par la grande douve peut réduire la résistance aux infections bactériennes et virales ainsi que l’efficacité des vaccinations. La qualité du colostrum peut être altérée chez des vaches infestées par la douve (incidence possible sur les maladies néonatales).

Les animaux ne développent pas d’immunité contre la douve. Cependant, l’infestation entraine des réactions inflammatoires qui permettent l’élimination d’une partie des douves, mais ces réactions sont nocives pour les  animaux.

La gravité et l’extension des lésions sont due :

  • Au nombre de larves ingérées ;
  • A l’âge des douves et leur localisation;
  • A l’état nutritionnel et à la résistance de l’animal.

ATTENTION, les informations sur les saisies de foie ne remontent pas toujours à l’éleveur

Comment établir le diagnostic ?

La sérologie est recommandée pour le dépistage de la grande douve. Il est nécessaire de prélever le sang de plusieurs animaux par lot (animaux ayant la même conduite de pâturage). Le nombre de prélèvements est à raisonner suivant la taille du lot. Les anticorps sont détectables dans le sang des bovins dès 15 jours après l’infestation.

La prophylaxie annuelle peut être l’occasion de faire le point sur la situation de votre cheptel. Vous pouvez demander une analyse « sérologie grande douve » sur un ou plusieurs mélanges (en fonction du nombre de lot) prélevés à l’occasion de la prophylaxie.

La coproscopie ne permet pas de détecter tous les animaux infestés et les résultats doivent être interprétés avec prudence. En effet l’excrétion des œufs de grande douve dans les bouses est faible et aléatoire. Cependant, une mise en évidence d’œufs dans les fèces indique que l’animal est infesté.

Comment maîtriser la maladie dans mon cheptel ?

Lorsque les animaux sont exposés au risque de contamination, il est nécessaire de traiter. L’évolution du stade immature vers le stade adulte se fait en plusieurs semaines. Aussi, en prenant en compte ce paramètre, les traitements utilisés peuvent être classés en deux grandes familles : les « adulticides », actifs uniquement sur les douves adultes, et les « larvicides + adulticides », efficace en plus sur les stades immatures.

 2 types de stratégies de traitement peuvent être adoptés par l’éleveur pour éliminer toutes les douves des animaux :

  • « adulticide + larvicide » à la rentrée en bâtiment.
  • deux  « adulticides » à huit semaines d’intervalles (un à la rentrée et un huit semaines après).

Dans tous les cas, les résultats d’analyse  et les stratégies de traitement doivent être discutés avec le vétérinaire pour élaborer la meilleure stratégie de gestion de la douve.

Comment L’EVITER ?

La prévention passe par l’éviction ou l’aménagement des zones humides telles que les jonçais, les rigoles et berges des ruisseaux, des mares ou des étangs.  L’observation permet de cibler les parcelles à risque et mettre en place des mesures plus « agronomiques » (drainage, parcage des zones humides dans la mesure du possible,…).

Il a été montré que les larves de douve peuvent survivre 45 à 60 jours dans l’ensilage, et quelques jours à 1 mois dans le foin.

La fasciolose pouvant aussi toucher l’Homme, il est important de ne pas consommer de végétaux semi aquatiques (cresson, pissenlits) crus ou dans des parcelles où les animaux ont pâturés.