MALADIES : FICHES TECHNIQUES
L’Arthrite encéphalite virale caprine (caev)

Quel est l’agent responsable ?

L’arthrite-encéphalite virale caprine est une maladie contagieuse à évolution lente dans les troupeaux. Elle constitue une cause majeure de réforme chez les chèvres en raison de la chute de production et la difficulté des animaux à se déplacer entrainant des difficultés à se nourrir.

Le virus responsable de l’arthrite-encéphalite caprine fait partie de la famille des lentivirus, à laquelle appartiennent également les virus responsables du Maedi-Visna chez le mouton et de l’immunodéficience chez l’homme, ou SIDA. Son évolution dans l’organisme infecté est lente et irréversible, le système immunitaire de l’animal étant incapable de l’éliminer car il s’intègre dans le génome (chromosomes) de certains globules blancs. Les animaux contaminés deviennent donc porteur à vie du virus.

Comme il n’existe ni traitement, ni vaccin pour protéger les individus sains, les animaux infectés transmettront le virus aux chèvres saines du troupeau.

Comment ça se transmet ?

Chez les jeunes, la contamination s’effectue par voie orale (ingestion de colostrum ou lait infecté), par voie respiratoire ou par le sang. La contamination s’effectue ainsi principalement à la mise bas, par léchage de la mère, lors de la première tétée, et à tout moment par contact direct avec d’autres animaux contaminés ou par l’intermédiaire d’un matériel d’injection collectif.

Chez les adultes, la transmission s’effectue lors de la traite et est aggravée par le phénomène d’impact (entrées d’air dans les manchons, ce qui provoque une remontée à très grande vitesse dans les mamelles de gouttelettes de lait à partir des manchons ou de la griffe, ou lors de dysfonctionnements de la machine à traire (facteur déclenchant).

Le sperme n’est a priori pas contaminant.

Quels sont les symptômes ?

La maladie, d’évolution lente, se caractérise par l’apparition de signes tardifs. Les signes cliniques n’apparaissent que chez 30 % des animaux infectés.

Des arthrites chroniques et permanentes (en particulier chez les animaux adultes) : toutes les articulations peuvent être atteintes, engendrant de simples boiteries à l’immobilisation de l’animal en position couchée. La taille du « gros genou » est un index clinique permettant de caractériser ce phénomène.

Des mammites (qui n’entraînent pas de modification apparente de l’aspect du lait, contrairement aux mammites bactériennes) : on distinguera la mammite aiguë (« pis de bois », surtout chez les primipares au moment de la mise-bas) et la mammite chronique (induration atteignant une partie de la demi-mamelle).

D’autres symptômes, plus rares :

  • Pneumonie chronique chez les adultes
  • Paralysie ascendante chez les jeunes, plus fréquent à partir de 3 – 4 mois et qui peut être confondue avec des arthrites classiques.

Sur le plan quantitatif, on rapporte, selon le degré d’atteinte des animaux par de l’arthrite, des pertes de production par lactation allant :
– chez les primipares : de 20 (absence d’arthrite) à 80 – 150 litres de lait (présence d’arthrite)
– chez les adultes : de 50 (arthrite modérée) à 80 – 100 litres de lait (arthrite forte)
Un raccourcissement de la durée de la lactation est parfois observé.

En France, on estime que 95% des troupeaux sont infectés avec des taux d’infection intra-troupeau de l’ordre de 50% des animaux. Néanmoins, en général, les signes cliniques sont limités (30%) et  peu d’animaux infectés développent les symptômes (il s’agit d’une forme latente ne s’exprimant qu’en conditions de stress).

Comment établir le diagnostic ?

L’objectif est d’évaluer le degré d’atteinte du troupeau et adapter les mesures de gestion de la maladie :

  • Diagnostic clinique : observation des symptômes (arthrites, atteinte des mamelles) et examen
  • Diagnostic sérologique ou virologique : dépistage sur un lot d’animaux (âgés de plus de 6 mois) pour évaluer la séroprévalence du troupeau : mise en évidence des anticorps ou du virus à partir de prises de sang.

Il existait précédemment une qualification « officiellement indemne de CAEV » mais depuis 2013, le CAEV étant passé dans la liste des dangers sanitaires de catégorie 2, sa qualification ne peut plus être attribuée par l’Etat, qui s’est désengagé.

Comment maîtriser la maladie dans mon cheptel ?

L’expression des symptômes varie fortement en fonction des conditions d’élevage.

Eviter le stress :
L’inconfort génère un stress qui favorise l’expression des symptômes du CAEV. Une alimentation équilibrée et adaptée au stade de production permet d’éviter les troubles métaboliques et les carences, qui provoquent un affaiblissement  des animaux pouvant favoriser la réactivation du virus. L’équilibre immunitaire et la santé commencent par une bonne alimentation.

Limiter les traumatismes articulaires :
Les traumatismes des membres et les fatigues articulaires favorisent l’expression des arthrites. Il convient donc d’éviter toute manipulation potentiellement traumatisante des chevreaux (comme les suspendre par les pattes arrière à la naissance), de limiter les temps de parcours sur des sols très durs ou irréguliers, d’effectuer un parage régulier et de supprimer les points d’appui en hauteur en chèvrerie.

Hygiène de traite :
L’organisation du chantier de traite doit être revu en cas d’infection due au CAEV : il convient de faire passer les jeunes à priori non contaminée avant les autres. Il faut éviter les entrées d’air dans les manchons en cours de traite

Prévenir la contamination des chevrettes de renouvellement :
La séparation des chevrettes des mères contaminées doit être la plus précoce après la naissance. Ne pas faire lécher, ne pas laisser téter. La transmission au chevreau se faisant essentiellement via le colostrum, celui-ci doit être thermisé à 56°C pendant une heure en utilisant une sonde thermique bien étalonnée. Si la température est trop élevée, les anticorps colostraux seront détruits, si elle est trop basse, le virus ne sera pas inactivé. Dès le 2ème jour de vie, les chevrettes seront alimentées au lait artificiel.
Il faut élever les chevrettes dans un local où elles n’ont aucun contact avec le reste du troupeau potentiellement contaminé (adultes, chevreaux ayant été léchés par leurs mères) et utiliser un matériel spécifique, ou bien nettoyé et désinfecté à chaque fois.
Il convient de retarder au maximum l’introduction des chevrettes de renouvellement dans l’environnement de la chèvrerie avec les adultes.

Comment l’éviter ?

Le CAEV est donc très répandu. Les élevages indemnes est très rare. A minima être très  attentif à tout symptôme clinique lors de toute nouvelle introduction.